Sous le regard exigeant de Gisèle Halimi

Maison des Solidarités/CCAS · Alfortville · mai 2022

Discours pour l’inauguration de la Maison des Solidarités Gisèle Halimi / CCAS – Alfortville

7 mai 2022

Mesdames et Messieurs,

Vous avez exposé, Monsieur le Maire, les raisons du changement de nom pour notre CCAS, je n’y reviens pas.

Vous avez également dit pourquoi le choix de Madame Gisèle Halimi, je n’y reviens pas non plus, même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Elle est, et restera, célèbre pour son combat en faveur du droit des femmes, mais en vérité, plus globalement, elle combattait les injustices. Toutes les injustices.

Et combattre les injustices, à notre échelle, c’est ce que je crois être le rôle d’un Centre Communal d’Action Sociale.

Vous avez été élu Président de l’UNCCAS, Monsieur le Maire,  et ce n’est pas un hasard : quand nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, et que je vous ai exposé quelques idées que je pouvais avoir dans la lutte contre les inégalités, vous ne vous êtes pas dit « Ce type est fou ! », vous vous êtes dit « Tiens, ce n’est pas inintéressant ». Du moins je l’espère.

Parce qu’en vérité l’action sociale doit être innovante. Il ne s’agit pas d’innover pour innover, il s’agit d’en changer l’angle de vue : je crois fondamentalement que la solidarité, c’est l’inverse de la charité. Il ne s’agit pas juste d’aider, il s’agit d’aider au chemin vers l’autonomie. C’est pourquoi, de manière philosophique, je ne suis pas favorable aux aides ciblées : sur l’essence, sur l’alimentation, sur la petite enfance, etc. A ceux qui manquent de tout, je crois qu’il faut donner ce qui leur fait défaut : de l’argent : ne pas infantiliser les plus fragiles, les autonomiser. Et à ce propos, j’ai une pensée ici pour l’Allocation Adulte Handicapé et sa « conjugalisation » qui persiste.

Mais je dis bien « sur le plan philosophique ». Parce que la solidarité se heurte toujours à la réalité. Et à l’urgence. La réalité c’est que si l’on parle, par exemple, d’un revenu universel, encore faudrait-il avoir l’appui d’un gouvernement, d’une région, d’un département. Hélas ! Aujourd’hui, aucun ceux-là n’y est favorable.

Je reviens à notre échelle communale : l’action sociale est une priorité de notre ville. C’est une priorité souvent invisible, parce qu’on voit toujours plus un macadam tout neuf que les chèques alimentaires que nous distribuons, on parle plus du stationnement que des aides à l’équipement des logements des personnes à mobilité réduite. Mais à Alfortville on l’assume : nous tenons autant à l’attractivité de la ville qu’à l’aide aux plus fragiles, aux invisibles. C’est l’histoire de notre ville et nous y sommes attachés.

Si l’on rebaptise aujourd’hui ce lieu, c’est bien pour plus de visibilité. Et donc pour améliorer l’accès aux droits.

Car au-delà de ce bâtiment lui-même, je veux surtout en ouvrir les portes et les fenêtres ; je veux que la Maison des Solidarités soit partout dans la ville ; je veux qu’on y recrute des bénévoles ; je veux un travail quotidien avec les associations, avec les acteurs de la solidarité, avec les bailleurs, avec le département, l’État. Avec tout le monde ! C’est un objectif de ce mandat : transformer le CCAS de simple guichet social à acteur de la solidarité dans la ville.

Nous devons donc chercher à améliorer le repérage des personnes en situation de fragilité, quelle que soit cette fragilité : économique, handicap, isolement… et leur faciliter l’accès à leurs droits.

Je ne vais pas être long, je voudrais quand même dire un mot de l’Analyse des Besoins Sociaux qui s’est achevée il y a quelques semaines à peine, que le CCAS a conduit et qui donne une image chiffrée de notre ville.

Et curieusement cela va aussi nous conduire à Gisèle Halimi :

Dans les spécificités propres à notre ville, il y a une proportion importante de familles monoparentales, plus qu’ailleurs en France. Et ce sont très souvent des femmes. Si toutes ces familles n’ont pas de besoins sociaux spécifiques, un nombre important présente des vulnérabilités et c’est un sujet en soi.

Autre spécificité d’Alfortville : la population y est relativement jeune, mais les projections montrent que le nombre de séniors va augmenter dans les années à venir. Il va donc s’agir de faire évoluer notre offre vers la demande qui s’exprime partout dans le pays : à savoir, favoriser le maintien à domicile, favoriser le lien social des plus isolés, adapter les structures d’accueil à leurs besoins (je pense aux EHPAD et aux Résidences autonomie.) Au passage, à Alfortville, 900 séniors de plus de 80 ans vivent seuls : et ce sont très majoritairement des femmes ! Nous y revenons.

Et puisque je parle des séniors et des personnes en situation de handicap, je voudrais saluer publiquement ici Julie Cordesse et Cathy Kerkaert, nos adjointes au Maire, pour leur formidable travail dans ces deux domaines.

Chez les jeunes, il y a 15% de NEET (ni en emploi, ni en formation) à Alfortville : le chiffre est inférieur à la moyenne nationale et en baisse : on peut aussi parler des choses qui fonctionnent dans notre commune ! En l’occurrence, l’insertion des jeunes dans le territoire est plutôt satisfaisante, même si l’on veut toujours faire mieux ; et qu’il nous faut développer ce volet de l’insertion, avoir plus de lien avec Pôle emploi, avec la mission locale, etc.

Je conclue brièvement sur les évolutions  du CCAS / de la Maison des Solidarités. Depuis 2 ans :

  • Nous avons doublé l’enveloppe des secours (chèques alimentaires, chèques énergie). Doublé !
  • La subvention au CCAS a été augmentée substantiellement l’an dernier et plus encore cette année.
  • Nous avons pris le relais du Conseil départemental qui avait brutalement abandonné les chéquiers-transports pour les Alfortvillais sans emploi. Nous sommes la seule ville du Val-de-Marne à l’avoir fait.
  • Nous avons mis en place des conseillers numériques, qui œuvrent au CCAS, à la mairie, à la mairie de proximité, en résidence autonomie. Notons au passage que GPSEA, notre Territoire, a produit récemment une étude qui montre que les femmes sont plus touchées que les hommes en ce qui concerne la fracture numérique. Nous y voilà encore.

En bref, notre Maison des Solidarités évolue. Et elle continuera d’évoluer dans les mois et les années à venir.

Et pour cela, je voudrais vous remercier, Monsieur le Maire, d’être ainsi à l’écoute.

Et je voudrais vous remercier, vous les agents du CCAS –Mme la Directrice– pour suivre « vaillamment » les évolutions que nous souhaitons pour cet établissement. Que ce soit, au Pôle Autonomie, Séniors et Handicap, au Pôle Solidarité Insertion, ou à l’Accueil qui n’est pas toujours une place facile…

… En clair, quand je parle pour vous de « vaillamment suivre les évolutions », je veux dire « ne pas me prendre pour un fou, vous aussi, quand j’entre dans votre bureau avec une nouvelle idée. »

Parce que j’ai un scoop : cela ne va pas s’arrêter. Et Monsieur le Maire n’attend pas de nous que cela s’arrête. Cela va donc continuer.

Mais dorénavant sous le regard bienveillant mais exigeant de Gisèle Halimi.

Je vous remercie.

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