Hier, mardi 5 juin, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a rendu public un rapport de visite des locaux de la police aux frontières de Menton. Plutôt qu’écrire un long article à ce sujet, le mieux c’est encore d’en extraire quelques passages.
Oui, la prise en charge des exilés en France est effrayante, indigne de notre république, de notre histoire. Elle nie notre devoir de fraternité. Elle heurte les Droits de l’Homme dont nous nous gargarisons.
Extraits.
« L’objectif de réacheminement des migrants interpellés à la frontière franco-italienne par la police aux frontières s’apparente à une obligation de résultat : garantir l’étanchéité de la frontière dans le déni des règles de droit. »
« La majorité des interpellations a lieu à la gare de Menton-Garavan où la plupart des contrôles des voyageurs à bord des trains sont effectués au faciès par les forces de sécurité. »
« Plusieurs éléments démontrent que des personnes (principalement des mineurs isolés et des familles), interpellées à la gare de Menton-Garavan, sont invitées à reprendre un train en sens inverse sans qu’aucune procédure ne soit mise en œuvre. Il doit être mis fin sans délai à ces pratiques de refoulement »
« Bien que particulièrement vulnérables, les mineurs isolés ne font pas l’objet de précautions particulières et leur prise en charge ne diffère pas vraiment de celle des adultes »
« Les données statistiques du poste de police de Menton font état de la mise en œuvre de procédures de réadmission vers l’Italie pour neuf mineurs isolés, alors que la loi française ne le permet pas ».
« Les contrôleurs ont été témoins d’un acte de violence commis par un fonctionnaire de la police aux frontières faisant fonction de chef de poste, à l’encontre d’un jeune migrant. Trois jeunes de nationalité algérienne se disant mineurs, interpellés en début de soirée par les CRS à bord d’un train en provenance de Vintimille, ont été transportés au poste de Menton. L’un d’eux, paraissant plus âgé que les autres, a fait l’objet d’un nouveau questionnement sur son âge, les CRS s’étonnant de son état de minorité déclaré. Le jeune semblait avoir peu de maîtrise de la langue française. Un des CRS interpellateurs l’a ensuite présenté au chef de poste en plaisantant sur sa minorité. Le chef de poste s’est alors tourné vers le jeune en l’interpellant : «tu es mineur, toi ? » et l’a aussitôt giflé. »
« De nuit, les étrangers sont maintenus dans des locaux indignes »
« [Les] points d’eau ne permettent pas d’assurer l’hygiène corporelle des personnes en attente, d’autant qu’aucun matériel (savon, dentifrice…) ne leur est délivré et que les évacuations d’eaux usées sont insuffisantes (le sol dans la cour et un évier bouché dans la salle d’attente). Il est indispensable de fournir des équipements (matelas, couverture…) pour dormir ou se protéger de la fraîcheur pendant la nuit. »
« Le rythme de nettoyage des WC chimiques de la cour est inadapté, car la moyenne des vidanges est de l’ordre d’une par semaine, ce qui est inacceptable compte tenu de l’occupation des lieux. L’absence de nettoyage de la cour et des modulaires préfabriqués comme l’absence de poubelle est également inacceptable. »
« Les conditions dans lesquelles les décisions de refus d’entrée sont renseignées et notifiées aux personnes étrangères les prive de toute possibilité d’exercer les droits afférents à leur situation. »