Lettre ouverte à Monsieur le Maire d’Alfortville.

Monsieur le Maire,

Par un message laconique sur les réseaux sociaux, la municipalité d’Alfortville a annoncé ce matin sa décision de supprimer le double sens cyclable de la rue Raymond Jaclard, au motif que « cet aménagement pose un réel danger de sécurité en matière de flux vélo/ voitures. » (sic)

À plus d’un titre, nous nous interrogeons sur les motifs qui ont conduit à cette décision :

1) L’article R412-28-1 du code de la route prévoit que « lorsque la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 30 km/ h, les chaussées sont à double sens pour les cyclistes sauf décision contraire de l’autorité investie du pouvoir de police ». La matérialisation de ce double sens rue Raymond Jaclard présentait le mérite d’alerter les conduct.eur.rices.s et donc d’améliorer la sécurité.

2) Toutes les études sérieuses démontrent que le double sens cyclable dans les zones 30 n’est absolument pas source d’accidents, au contraire même ! Pour la rue Jaclard comme pour une autre. À juste titre les associations d’usagers du vélo ont été choquées par votre décision non concertée.

3) Oui la piste cyclable de la rue Jaclard pose un problème évident, mais pas celui que vous pointez : elle est en permanence envahie par des véhicules, sans la moindre verbalisation. La question n’est donc pas la dangerosité supposée pour les cyclistes, mais l’incivilité impunie de certain.e.s automobilistes.

4) Laisser le stationnement à son emplacement initial au sud de la rue était évidemment une erreur. S’ils/elles avaient été consulté.e.s, les Alfortvillais.e.s auraient pu vous proposer de changer le stationnement de côté –voire de l’enlever en partie– ou encore de supprimer la circulation automobile.

Au-delà de la rue Raymond Jaclard, nous nous interrogeons sur la place des circulations alternatives à la voiture dans notre ville : le nombre d’équipements pour la bicyclette, très faible à ce jour, ne semble pas être une priorité pour la municipalité et cela nous paraît incompréhensible. S’il n’est évidemment pas question de transformer notre ville en un casse-tête pour les automobilistes, il convient de fabriquer les conditions d’une cohabitation harmonieuse entre toutes les mobilités. Aujourd’hui, les emplacements pour vélos sont rares, les doubles-sens ne sont pas matérialisés, les pistes cyclables inexistantes ou dangereuses –comme sur le quai Blanqui–, les messages pédagogiques absents de la communication municipale, etc.

Le signal envoyé par votre décision rue Raymond Jaclard nous inquiète : les discours sur l’avenir de la planète doivent avoir une résonance concrète dans nos villes ; la pollution qui tue les plus fragiles n’épargne pas miraculeusement Alfortville ; le nécessaire partage de la voie publique ne doit pas être un simple slogan.

Aujourd’hui, il semble que la municipalité soit plus à l’écoute des tenant.e.s de l’immobilisme écologique que de celles et ceux qui ont compris la nécessaire évolution de la société en matière de mobilités. Nous espérons très vivement que cela change rapidement dans notre ville.

Dans l’intérêt de tou.te.s, les automobiles, les deux-roues, les transports en commun ou encore les trottinettes électriques doivent partager l’espace de notre ville, dans une harmonie que les élu.e.s doivent organiser, avec plus de concertation et plus de volontarisme.