Bertrand Delanoë, chantre de longue date de la politique libérale et pro-entreprises de Macron, a laissé à sa fille spirituelle, Anne Hidalgo, de beaux cadavres dans les placards de la ville de Paris. Parmi ceux-ci : Autolib.
Il est utile de rappeler que, dès le lancement de ce service en 2011, certains spécialistes et élus (essentiellement EELV) alertaient sur la mise en place d’un système pas forcément respectueux de l’environnement si on l’envisage globalement(1) et surtout structurellement déficitaire, ce qui ne manquerait pas de poser d’énormes problèmes à l’avenir.
L’avenir, nous y sommes : comme prévu, Bolloré, après avoir accepté de perdre de l’argent pour la mise en œuvre de son modèle de voitures partagées et bénéficier de son image pour le vendre partout dans le monde, annonce abandonner ce service : sa promotion ayant été faite par Delanoë, Bolloré peut à présent faire un bras d’honneur aux Franciliens et abandonner le navire.
Voici donc les municipalités de Paris et de petite couronne confrontées à des questions difficiles : Que va devenir le service ? Qui va éponger les dettes ? Que faire des bornes électriques installées dans nos villes ?
Concernant la dette, un bras de fer s’engage entre le syndicat Autolib/Velib et Bolloré : Ce dernier exige que les villes membres du syndicat épongent l’ardoise, c’est-à-dire 46 M€ d’euros par an jusqu’en 2023 ! Ces chiffres sont à l’évidence fantaisistes ; il n’en reste pas moins que la fin d’Autolib est d’ores et déjà quasiment actée et que cela coûtera aux contribuables.
Merci encore, Monsieur Delanoë.
À Alfortville, le choix a été fait –par la communauté d’agglomération– d’accueillir Autolib. C’était en 2013. Aujourd’hui 9 stations sont implantées dans notre ville. Assurément les usagers en sont satisfaits(2). Mais la politique c’est aussi regarder la réalité en face : 1) Autolib n’a pas supprimé une seule voiture particulière des rues d’Alfortville ; notre centre-ville reste donc terriblement encombré aux heures de pointe 2) Déjà montrée du doigt par les habitant.e.s pour un stationnement très difficile, Alfortville possède aujourd’hui des stations Autolib qui sont autant de places en moins pour les autres véhicules.
Dans ces conditions, faut-il continuer de participer à un service aussi marginal pour un coût important, un bilan environnemental nul et une amélioration de la circulation tout aussi inexistante ? La réponse est clairement non. Après un engouement initial, l’utilisation du service n’a fait que décroitre ces dernières années ; Le nombre de trajets entre Paris et la banlieue s’est avéré bien moins important que prévu. La cause est entendue, il faut cesser cette gabegie.
Reste la question de l’utilisation des 9 emplacements Autolib sur notre commune d’Alfortville pour laquelle le débat reste ouvert : Démantèlement pur et simple ? Maintien en place des bornes pour les voitures particulières ? Le choix est difficile mais le sujet mérite une transparence qui, c’est un euphémisme, n’a pas prévalu depuis 2011.
(1) Selon une étude et contrairement à la propagande savamment orchestrée, Autolib n’aurait pas supprimé une seule autre voiture dans Paris, mais au contraire aurait rogné sur l’utilisation… du transport en commun ! http://transports.blog.lemonde.fr/2013/03/26/on-a-rate-lobjectif-autolib-ne-supprime-pas-de-voitures/. D’autre part, les voitures sont chargées sur le réseau national, donc sont nucléaires à 75%. Enfin le ballet des véhicules d’entretien des stations ne fait qu’ajouter à la circulation
(2) Encore que… plusieurs stations sont hors service dans notre commune et non réhabilitées par l’opérateur.