[ Intervention au Conseil Municipal d’Alfortville – 15 décembre 2020 ]
Monsieur le Maire, mes cher·e·s collègues,
Je suis très heureux de présenter cette délibération qui concerne l’adhésion de la ville d’Alfortville à L’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
L’accueil des exilé·e·s est un marqueur très fort de l’humanisme d’un pays et force est de constater que la France dans ce domaine est loin d’être exemplaire, pour ne pas dire qu’elle foule aux pieds sa devise républicaine. La Fraternité chez nous n’est plus qu’un lointain souvenir. Les gouvernements successifs rivalisent de « fermeté » et le gouvernement actuel est clairement ce qu’on aura vu de pire dans le « non-accueil ». C’est en tout cas ce qu’affirment toutes les associations qui œuvrent dans ce domaine. Et c’est ce que l’on voit concrètement sur le terrain :
Chasse à l’homme dans les Alpes –et depuis quelques semaines, chasse à l’homme nocturne jusque dans les rues de Paris, refoulements illégaux aux frontières, harcèlement policier dans le Calaisis, harcèlement juridique contre Cédric Hérou et autres aidants, mineurs non accompagnés laissés sciemment à la rue, etc. Aux demandes d’hospitalité, ce gouvernement, plus encore que les précédents, n’a qu’une réponse policière.
Contrairement aux mensonges qui circulent, la France accorde beaucoup moins l’asile que la quasi totalité de ses voisins européens (nous sommes, si j’ai bonne mémoire, 22ème sur 27 dans le taux de protection –c’est à dire le pourcentage de demandeurs d’asile qui l’obtiennent in fine). Les places en centres d’accueil –qui, quoiqu’insuffisants, avaient beaucoup augmenté ces dernières années– ont cessé de croître cette année, laissant à la rue des milliers de demandeurs d’asile (et même de réfugiés).
Voilà pour les faits.
Quant aux discours, nous assistons clairement à un rapprochement idéologique avec l’extrême-droite : le Rassemblement National vote les lois dans ce domaine et applaudit ouvertement Gérald Darmanin à chacune de ses sorties publiques. L’Europe-forteresse, la fermeture des frontières intérieures font maintenant consensus au gouvernement et auprès de la famille Le Pen. Vous connaissez par cœur les discours : « Mes chers compatriotes, la France ne peut pas accueillir tout le monde », « Mais voyons, il faut donner à ces populations les moyens de rester chez elles », « C’est une question européenne, pas seulement française », etc. Autant de blabla prétendument raisonnable, en réalité populiste.
Vous le savez mes chers collègues, Alfortville a sa tradition d’accueil. Elle s’est construite dans la main tendue aux plus défavorisés. Et quelle que soit la politique gouvernementale, quels que soient les paradigmes de l’extrême droite qu’Emmanuel Macron a fait siens, nous ne céderons rien. Celui qui souffre sait qu’Alfortville sera là pour lui. A notre échelle, avec nos moyens, mais de manière déterminée.
Sans remonter aux victimes arméniennes du génocide qu’Alfortville a accueillies, plus récemment vous savez le soutien sans faille que M. Le Maire et moi-même avons apporté aux travailleurs de Chronopost il y a quelques mois [et j’en profite pour leur passer un salut amical, en particulier à ceux qui n’ont pas obtenu leur régularisation, la lutte continue et j’espère qu’elle sera victorieuse pour ces gens qui ont choisi la France et travaillent très dur tous les jours.] Vous savez aussi que cet été Alfortville a accueilli pendant de longues semaines des exilés du camp de Saint-Denis. Vous savez, plus globalement, comme Alfortville est cosmopolite. Nous ne céderons rien, ni à un État déficient, ni à un opinion prétendument défavorable.
L’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants est au fond une ligue des mains tendues. De même que des maires italiens ont refusé la politique raciste de Salvini, des maires de France élèvent aujourd’hui la voix pour dire : « ça – su – ffit » !
Alors dans cette association ANVITA, nous échangerons, nous mettrons en commun, nous ferons du plaidoyer, nous soutiendrons ouvertement celles et ceux que les gouvernants rejettent. Nous dirons qu’une autre politique migratoire est possible : parce que c’est l’intérêt des exilés et c’est aussi l’intérêt de notre pays !