A Alfortville, la gauche est au combat

[ Intervention du groupe Génération.s au Conseil Municipal d’Alfortville, Débat d’Orientation Budgétaire – 2 juillet 2020 ]

Mes cher.e.s collègues,

Je parle ici au nom du groupe « Génération.s » et voudrais bien évidemment associer à mon intervention ma collègue Armelle ROLLAND.

À Alfortville, les résultats de l’élection du 15 mars dernier pourraient apparaître comme la continuité politique d’une longue série d’élections. Et sans doute pour nos opposant.e.s l’est-elle. Pourtant, en y regardant de plus près, il n’en est rien. La prise de conscience des aberrations de notre système n’a jamais été aussi forte et les électeurs.trices ne s’y sont pas trompé.e.s en élisant ce Conseil Municipal et son groupe majoritaire, sur un programme ambitieux et engagé qui doit être réalisé pendant les six prochaines années pour faire d’Alfortville une terre de résistance ; résistance à la crise climatique et environnementale ; résistance à la crise politique et au libéralisme à tout crin.

En premier lieu il y a la crise environnementale qui est prégnante comme jamais ; qui nous oblige comme jamais. Plus que la crise, ce qui a aujourd’hui évolué c’est bien la prise de conscience dans la population de la catastrophe à venir si rien n’est fait. Bien sûr l’action doit être forte à l’échelle des états, pour ne pas dire de la planète. Mais les communes ont un devoir immense en la matière ; un devoir d’exemplarité, et la validation du programme municipal présenté aux Alfortvillais.es en mars dernier démontre l’importance des actions locales pour la préservation de l’environnement et contre le dérèglement climatique.

En second lieu, il y a le libéralisme outrancier qui a pris le pouvoir en France en 2017 ; cette morgue macronienne qui glorifie les entrepreneurs –pour ne pas dire les héritiers– et applique sur les plus faibles la politique sociale la plus dure. Contre cela il est de notre devoir local de résister.

Enfin, cette élection du 15 mars s’est tenue en pleine pandémie mondiale, elle a été suivie d’une mise à l’arrêt du pays, qui va déboucher –débouche déjà ! sur une crise sociale absolument majeure qui va à l’évidence contraindre notre municipalité à revoir une partie de ses priorités, du moins en début de mandat.

Alors non, l’élection de mars dernier n’est en rien une continuité. Notre feuille de route est une rupture : création d’un grand parc central, forêts urbaines, ferme urbaine, développement du bio, des circuits courts, pistes cyclables, création de nouvelles polarités piétonnes, partage de l’espace public. Personne ne doit douter de notre volontarisme écologique.

Personne ne doit non plus douter du caractère « créatif » de notre programme, avec son académie des savoirs populaires, le soutien au street art, à la musique, à la culture –populaire mais exigeante, mais aussi à la culture scientifique et à l’esprit critique. On a pu constater pendant la crise à quel point la rationalité a pu faire gravement défaut.

Créativité encore, avec le Revenu minimum de base. Permettez-moi de m’arrêter un instant sur cette mesure qui me tient, vous le savez, particulièrement à cœur :

Posons la question crûment : de quoi les pauvres ont-ils besoin ? La réponse la plus naturelle au sein de la société c’est : « manger », « un toit ». Or ce dont manquent les pauvres… c’est de l’argent ! Pardon pour cette lapalissade qui permet toutefois de revenir à l’essentiel. Il est habituel de préférer faire des distributions alimentaires ou payer des factures courantes. Ces actions sont évidemment utiles quand l’urgence est là. Mais fondamentalement elles sous-tendent que les plus démunis ne sont structurellement pas capables de prendre leur vie en main et de gérer leur budget. On distribue des paniers bios « pour que les enfants des familles en difficultés puissent manger sainement » : derrière cette action il y a l’idée que ces familles ne savent pas, ou ne peuvent pas, nourrir sainement leurs enfants. La réalité est tout autre. Elle n’est pas le fruit d’une vision théorique, elle a été démontrée par de nombreuses études dans tous les pays du monde : donnez à manger aux pauvres, vous réglez leur problème de faim. Vous leur donnez de l’argent, vous réglerez beaucoup de leurs problèmes.

On nous rétorquera que c’est là le rôle de l’État et non celui d’une commune. Mais vous m’avez écouté, mes cher.e.s collègues, nous sommes « en résistance ». Résister, ce n’est évidemment pas s’opposer au gouvernement, c’est pallier ses manques –pour ne pas dire ses manquements ! Résister c’est offrir aux Alfortvillais le bouclier que leur refuse le pouvoir en place. Et les annonces gouvernementales en matière sociale sont loin de nous rassurer sur ce point.

Il ne s’agit pas, vous l’aurez compris d’instaurer un Revenu Universel d’Existence à Alfortville, c’est budgétairement inenvisageable en l’état. Mais d’étudier la possibilité d’un tel revenu pour les plus démuni.e.s et de réfléchir au meilleur moyen de lutter contre la pauvreté. Avec le CCAS et ses usagers, avec les associations, avec le département et tous les partenaires possibles.

Nous sommes convaincus que la ville est un espace de la fraternité, du dialogue, de la bienveillance et de la lutte contre les injustices. A son échelle, avec les moyens qui sont les siens mais avec détermination, Alfortville doit agir comme un espace de résistance.

Nous ne sommes qu’Alfortville, mais nous sommes Alfortville ; il n’est pas nécessaire d’être gros pour devenir un laboratoire connu et reconnu. Soyons créatifs !

C’est vrai sur le sujet des solidarités, comme sur celui de l’environnement ; comme sur celui de la démocratie. Notre constitution ne prévoit que peu de mécanismes de transparence et de répartition des pouvoirs à l’échelle communale. Notre cadre d’action est donc bien contraint en la matière. Mais, malgré cela, il est possible de mettre en œuvre une « gouvernance circulaire » –expression chère à Monsieur le Maire, qui associe citoyens, experts, associations et toutes personnes utiles aux projets et aux décisions. Sur cette question démocratique, si l’on peut comprendre la frustration de certain.e.s, il faut faire preuve d’un peu de patience : la co-construction structurée avec une population ne peut se mettre en place en quelques jours, c’est un travail de longue haleine. Mais qui sera fait, que chacun.e en soit persuadé.e.

En conclusion, mes cher.e.s collègues, je le redis : ce Conseil Municipal a été élu dans un monde qui a changé et chacun doit en prendre la mesure. Nous sommes la résistance au néolibéralisme. Nous sommes le bouclier des Alfortvillais.es qui ne méritent pas la violence sociale du gouvernement. Nous sommes localement engagés dans les transitions, qu’elles soient environnementales ou autres.

Ce premier budget de la mandature, construit en pleine crise et dans les conditions difficiles du confinement, est une première réponse. Imparfaite probablement, incomplète sans doute, mais qui sera affinée et augmentée dans les prochains mois. Nous voterons, cela va sans dire, ce budget.

Soyez certain.e.s, mes cher.e.s collègues, qu’à Alfortville la gauche est au combat.

Étienne FILLOL et Armelle ROLLAND.

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