Dans une tribune censée donner le coup d’envoi de sa campagne européenne, Emmanuel Macron expose ses vues pour l’avenir de l’Union Européenne. Avenir qui ressemble à son passé, tant les grands mots dénués de sens y côtoient les concepts les plus éculés d’un libéralisme rejeté par la plupart des peuples européens. La vacuité s’y mêle à l’archaïsme.

Le passage sur l’immigration est particulièrement éclairant. C’est une apologie des frontières, une ode au repli, à la peur. Qu’Emmanuel Macron évoque la question des exilé.e.s dans un paragraphe intitulé « Protéger notre continent » dit déjà beaucoup. Sa conclusion plus encore : « Je crois, face aux migrations, à une Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières. »

Ainsi, selon lui, l’Europe ferait « face » aux migrations. L’Europe devrait se « protéger » des migrant.e.s qui attaqueraient ses « valeurs ».

Il est utile ici de rappeler que, ces trois dernières années –de mars 2016 à mars 2019– 519.493 migrant.e.s ont été recensés en Europe. Par an, cela représente 0,1% de la population de notre continent. Comme la comparaison qu’aime proposer François Héran : imaginons le Stade de France bondé pour la finale de la coupe du monde de football France-Brésil. Imaginons 80.000 français qui chantent et 24 supporters brésiliens répartis dans le stade. C’est la situation dont nous parlons ici : Emmanuel Macron, à l’instar de Laurent Wauquiez et Marine Le Pen, tellement obnubilé par les 24, en oublie même de soutenir son équipe.

Pourtant, comment 99,97% pourraient-ils avoir peur de 0,03% ? Comment un aussi faible nombre de personnes pourrait-il saper les valeurs d’un continent entier ? Comment le Président de la République peut-il même oser tenir un tel raisonnement ? Qui d’autre que lui sape les valeurs de l’Europe : l’hospitalité, la solidarité et l’humanisme ?

À présent nous le savons, la campagne d’Emmanuel Macron démarre. Avec pour seul projet le rabougrissement de l’Europe.